Mairie de Bourg d'Oisans
Le bulletin n°8 - mars 2019
Publié le jeudi 7 mars 2019 à 12h04

Oisans Solidaire
Bulletin d'information n°8
Mars 2019

C'est bientôt le printemps, Oisans Solidaire va faire sa mue...
L'association évolue parce que c'est bien le propre de toute association, reflet vivant des implications de ce qu'on appelle « la société civile ». Des hommes et des femmes travaillent, s'activent, agissent (bénévolement : toujours le rappeler) et dans un cas comme le notre, s'appuient sur des valeurs à la fois très simples et très fortes. Des êtres humains sont en complète détresse, d'autres êtres humains essaient d'aider. C'est tout. Mais parfois, c'est un peu compliqué à faire fonctionner...
L'Assemblée Générale annuelle de l'association s'est tenue le 8 février dernier, à la maison de la petite enfance, à Bourg-d'Oisans en présence d'une trentaine de personnes (dont 22 adhérents sur 57). Nous avons eu aussi le plaisir d'accueillir 4 membres du CARM (Collectif d'accueil des réfugiés en Matheysine) qui ont partagé avec nous leurs expériences. Nous avons échangé, réfléchi ensemble à nos motivations, à nos actions, mais aussi évoqué nos doutes, nos interrogations, nos limites, nos joies et nos fiertés.
Il est encourageant de constater que nos paroles trouvent un écho favorable, voire amplifié auprès de certains de nos élus, dont certains nous ont rejoint à cette soirée. On sait que la contribution matérielle et financière des communes et de la communauté de communes est un des rouages essentiels de notre activité.
Ce fut aussi la dernière AG de Michel Bonte en tant que président de l'association dont il fut l'un des fondateurs. On connaît tous son investissement et son implication. L'énorme travail qu'il a fourni a mis Oisans Solidaire dans un rythme de fonctionnement énergique et très efficace, en relation étroite avec les grosses associations grenobloises (ADA) et avec les institutions. On lui sait gré de tout cela et on est heureux de continuer à pouvoir compter sur lui en tant que membre toujours actif de l'association.
Le nouveau conseil d'administration (CA) met actuellement en place un fonctionnement collégial. Traduire ce fonctionnement dans les statuts de l'association nécessite un petit travail que le CA a engagé. Dès qu'il aura abouti, une proposition sera soumise à l'approbation des adhérents. Les choses vont donc progressivement se mettre en place, mais le travail de fond continue sans changement avec des réunions une fois par mois, voire un peu plus rapprochées.
Une AG comporte quelques côtés un peu austères : rapport moral, rapport d'activité... Mais celle-ci fut particulière : nos amis du CARM ont proposé quelques échappatoires en nous lisant de façon très investie des extraits d'un texte de Daniel Pennac, intitulé « L'instinct, le cœur et la raison », paru dans un petit recueil, « Eux, c'est nous », destiné à la jeunesse et publié à l'automne 2015 .
- (Rappelons-nous du contexte de l'époque : multiplication des images de réfugiés, notamment syriens, fuyant la guerre, escaladant les grilles qui leur barrent la route vers les pays européens. Images d'une grande violence, inquiétantes, anxiogènes qui vont nourrir la peur et susciter ces mots mille fois rabâchés : exodes, masses, hordes, déferlement, multitude, invasion....)*
La cadence de ces lecture a rappelé avec force que l'engagement de l'association est humaniste et justifie pleinement tous ces efforts de fonctionnement. Et quand les personnes que nous accueillons viennent témoigner de leur parcours, il n'y a plus de doute possible : on a pu encore une fois entendre ces histoires absolument hallucinantes d'hommes et de femmes de toute origines qui essayent juste de sauver leur peau.
On se rappelle alors que Oisans Solidaire s'inscrit dans cette nébuleuse très active d'associations de simples citoyens. Elle le fait à sa mesure, à son échelle. Nous savons ce qui se fait ailleurs : à Grenoble, à La Mure, dans le Trièves ou sur Briançon. Nous connaissons l'importance de ce réseau et nous soutenons leurs engagements. Ils nous permet de constater que nous ne sommes pas isolés, contrairement à ce que notre éloignement pourrait laisser croire.
Nous voyons aussi à tout moment les liens concrets qui se tissent un peu partout. Il suffit de rencontrer par exemple tel jeune guinéen sur les pistes de ski de Villard d'Arêne, dûment accompagné par sa référente du moment, ou de tomber sur la petite Dara, endormie dans sa poussette et accompagnée par ses parents dans les rues de Bourg-d'Oisans. Il y a moins d'un an, ce jeune couple dormait dans la rue, après avoir fui l'Albanie. Ils ne sont pas sortis d'affaire (leurs demande d'asile a été rejetée, ils ont déposé un recours), mais ils ont pu se poser, se reposer et investir leur nouvelle vie de famille dans de bonnes conditions.
Il est aussi bon de croiser la jeune Aïcha à la sortie de l'école de BO qui lui a grand ouvert ses portes. Quand sa maman doit aller à Grenoble pour les histoires de papiers administratifs, ce sont des bénévoles de Oisans Solidaire qui vont la chercher, et s'occupent d'elle. Aïcha a 7 ans, elle a traversé la Méditerranée sur un canot pneumatique, a vu l'enfer. Mais maintenant, elle participe aux sorties ski dans nos montagnes et sourit largement à la vie, comme c'est normal de le faire à son âge.
Nous ne sommes pas dupes. Nombre de ces situations sont précaires. Ces gens passent par chez nous, certains s'en sortent bien. Pour d'autres, que nous avons aidé de notre mieux, tout est compliqué : refus de l'administration, problèmes financiers, problèmes de santé etc... Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Oisans Solidaire n'est pas un club de « Dames patronnesses ». Nous n'accueillons pas toute la misère du monde et nous n'ambitionnons pas de la résorber. Nous sommes un point d'appui.
Oisans Solidaire proposera un moment d'échange sur le marché de Bourg-d'Oisans le samedi 6 avril prochain. Vous nous trouverez facilement, vous verrez !
En France, en 2018, plus de 120 000 personnes ont demandé l'asile. C'est plus important qu'en 2017. Près de la moitié viennent de Guinée qui figure désormais à la quatrième place derrière l'Afghanistan, l'Albanie et la Géorgie.
Le taux de protection offert par l'Ofpra est, lui, resté stable (17%), de même que celui de protection après recours devant la Cour nationale du droit d'asile (CNDA).
Sources :
https://www.lacimade.org/premier-bilan-de-la-demande-dasile-en-france/
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/02/06/en-2018-pres-de-la-moitie-des-demandeurs-d-asile-en-france-sont-venus-d-afrique_5420197_3212.html