Oisans Solidaire

Bulletin d'information n°6

Octobre 2018

On pourrait reprendre le préambule du précédent bulletin : pardon pour ce délai, l'été fut caniculaire …

Mais on laisserait croire que l'association aurait sombré dans une espèce de torpeur, un peu comme la marche du monde, telle que les médias la retracent entre le 15 juillet et le 15 août...

Ce fut loin d'être le cas.

Oisans Solidaire continue à s'impliquer activement auprès de deux familles albanaises demandeuses d'asile logées dans notre commune.

Fin mai dernier, la petite Dara est née à l'hôpital de Grenoble, tout s'est bien passé et ses parents Eurolinda et Lorenc ont pu bénéficier de l'aide très active de quelques membres de l'association pour les accompagner dans la prise en charge matérielle et administrative de leur situation.

Celle-ci demeure cependant bien difficile et assez précaire. Eurolinda et Lorenc ont fait le choix de rester sur Bourg-d'Oisans, en opposition à une proposition de logement de l'OFII en Savoie. Les conditions d'hygiène de cet appartement les ont inquiétées par rapport à la santé de leur bébé, et ils ont préféré revenir début juillet dans notre commune. Mais en prenant cette décision, ils ont perdu tous leurs droits à un hébergement et à une allocation journalière.

Oisans Solidaire et le Secours Populaire les aident donc à cet égard, en attendant que leur dossier de demande d'asile avance. Mais ils vivent avec très peu de moyens.

Comme pour la plupart des Albanais, il est presque certain qu'ils seront déboutés. Ils auront donc des recours, pour lesquels on continuera à les accompagner.

En attendant, ils essaient progressivement de dépasser leurs traumatismes. L'apprentissage du français est encore assez laborieux et ils ont un peu de mal à sortir d'une « bulle » familiale très étroite, qui les rassure certes, mais les isole aussi un peu. Mais il y a des progrès : ils vont un peu plus souvent faire des petites courses dans le bourg, ils sont venus au forum des associations, on les croise au marché, toujours avec cette petite Dara qui a maintenant 4 mois, qui est belle comme un cœur, et en bonne santé ! Lorenc a même commencé à participer à des randonnées avec l'Association des Randonneurs en Oisans. L'objectif est de les aider à retrouver de la confiance pour accélérer un processus d'intégration qui donnera des gages utiles au moment où il faudra déposer des recours ou demander des titres de séjour…

Tous les adhérents de l'association peuvent proposer des activités ou des moments de rencontre qui peuvent renforcer les liens sociaux dont tous ces gens ont nécessairement grand besoin.

La situation de la famille H. est un peu plus positive. Arrivés en janvier dernier à Bourg-d'Oisans, ils ont pu rapidement s'impliquer dans différentes activités sportives qui ont facilité leur intégration. Leur petite fille Amina a été scolarisée et elle maîtrise déjà très bien le français. Amir joue au foot et est apparemment devenu un personnage important pour le club de la commune. Il va aussi peut-être pouvoir travailler dans la société de déneigement locale (la loi le permet dorénavant). L'association les héberge dans un appartement loué à cet effet par Un Toit pour Tous. Mais comme leur situation matérielle le leur permet davantage, ils se sont engagés à le laisser au 31 octobre, parce qu'il faut pouvoir en disposer pour d'autres familles encore laissées à la rue.

Encore une fois, si parmi les adhérents certains pouvaient s'engager à aider Albina et Amir à s'installer dans un nouveau logement sur Bourg-d'Oisans ou dans les environs proches, ce serait une aide réelle pour eux et pour Oisans Solidaire.

Pour ce qui concerne les autres demandeurs d'asile passés durant ces derniers mois à Bourg-d'Oisans, on sait que la famille S. a été déboutée de sa demande auprès de la CNDA. Ils vont donc quitter le foyer d'hébergement où ils avaient été affectés dans l'Ain et revenir sur Grenoble. Mais ils vont maintenant faire une demande de titre de séjour et on espère que les associations grenobloises, aussi très actives, leur seront d'un bon secours.

Les membres de Oisans Solidaire peuvent aussi très bien les aider à titre personnel. Marie-Thérèse et Françoise leur rendront visite prochainement, et on en saura plus sur l'état de leurs besoins.
Il est cependant bien triste de constater que les conséquences de ces divers ballottements ont principalement affecté la scolarité des 3 enfants, constamment en transit entre 2 écoles, deux
formations ou... rien. Quel sera leur avenir en France, ou ailleurs ?...

Quant à Hawa, elle aussi déboutée à l’OFPRA (le Burkina Faso doit être un pays aussi sûr que l'Albanie, en particulier pour les femmes, n'est-ce pas …), elle attend le résultat de son audience de recours à la CNDA fin septembre. Sa petite fille a l'air en pleine forme, mais que deviendront-elles si la demande d'asile leur est définitivement refusée ?

A ce jour, Oisans Solidaire compte 50 adhérents. L'association a toujours besoin de forces vives et de moyens financiers pour continuer à s'impliquer auprès de ces êtres humains qui ont toujours dû tout quitter, tout abandonner et ceci, jamais de leur plein gré, juste pour sauver leur peau et tenter leur chance pour vivre comme tout le monde, avec un minimum de dignité.

N'hésitez pas à en parler autour de vous, à nous proposer vos idées, votre aide concrète, vos suggestions.

Politiquement, idéologiquement, les temps sont durs pour les actions de solidarité. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui s'impliquent et s'activent, juste parce que cela leur semble normal. Et ils sont très nombreux un peu partout, aussi dans notre vallée.