Oisans Solidaire

Bulletin d'information n°3

Décembre 2017

L'idéal, quand il neige et qu'il fait froid, serait pour chacun de ralentir et de se pelotonner au chaud, dans une atmosphère douce... La plupart d'entre nous sommes très loin de cette belle image, et pour environ mille personnes, chaque jour à Grenoble, cela relève de l'utopie. Mille personnes dans la rue, demandeurs d'asile, déboutés, mineurs non- accompagnés et tous ceux-là que la vie malmène....

La très belle soirée que Oisans Solidaire a pu partager le vendredi 1er décembre à l'occasion de la projection du film Lignes de Partage au cinéma Les Ecrins à Bourg-d'Oisans nous a rappelé que cette valeur de solidarité était bien ancrée dans notre région mais plus que jamais absolument nécessaire.L’association APARDAP de Grenoble (présidente : Monique Vuaillat, impliquée dans l’accueil de demandeurs d’asile mineurs isolés, et qui a participé à la réalisation du film) et le réalisateur du film (Thierry Mennessier) étaient présents et ont répondu avec chaleur à
toutes les échanges qui s'en sont suivis. L'entrée était gratuite, mais la participation libre laissée au choix des personnes présente a relevé la générosité de tout le monde. Cet argent a étépartagé entre l'APARDAP et les Cinémas associés, qui ont un peu modifié le programme du cinéma et ont mis le projectionniste à la disposition de la soirée. Une cinquantaine de personnes sont venues, des adultes, des ados, des retraités, des enfants et l'ambiance était très chaleureuse. Cependant, la réflexion doit être encore approfondie pour savoir comment toucher un peu plus de monde et dépasser le « cercle des convaincus »....

Le film Ligne de Partage présente de façon très délicate des situations de gens en grande précarité, confrontés aussi à un profond isolement, souvent laminés par leur parcours, puis par l'attente et l'inactivité, puisque la loi française interdit aux réfugiés et demandeurs d'asile de travailler tant qu'ils ne sont pas régularisés. Les choses sont différentes chez nos voisins allemands, sans forcément réserver des issues heureuses : les demandeurs d'asile peuvent travailler, payer un loyer, des impôts, scolariser leurs enfants... et finalement être priés de quitter le territoire si la procédure n'aboutit pas pour diverses raisons.

C'est ce qui est arrivé à la famille S., toujours hébergée à Bourg-d'Oisans et pour laquelle le mois de novembre fut ponctuée d'une étape éprouvante puisque qu'ils ont reçu un arrêté d’expulsion en Allemagne et une assignation à résidence conformément à la procédure Dublin.

Après consultation de l'ADA (association Aide aux Demandeurs d'Asile), la famille a décidé de faire appel. Le vendredi 10 novembre, une audience en appel a eu lieu au Tribunal Administratif de Grenoble. Outre les 3 adultes de la famille, une dizaine de membres de l’Association et de sympathisants étaient présents. Les débats ont essentiellement porté sur les défauts de procédure et finalement, fait assez rare, le juge a cassé la procédure d’expulsion et supprimé l’assignation. La procédure Dublin n’est donc plus applicable, et la famille entre dans la procédure habituelle des demandeurs d’asile. Elle attend maintenant son entretien à l’OFPRA à Paris dont on ignore encore la date. Il est évident que les S. passent par tous les stades de l'angoisse possibles, mais surmontent tout cela avec beaucoup de courage et d'espoir.

Pour rappel, les deux garçons sont scolarisés et s'intègrent doucement. L'aînée, Festina, est toujours dans l'attente d'une place dans les cours donnés sur le campus de Grenoble pour
les étudiants demandeurs d'asile. Elle s'implique dans les activités existantes à Bourg-d'Oisans et fait du hand-ball à Vizille, ce qui lui permet d'être quand même un peu avec des jeunes de son âge.

Les choses suivent leur cous.....

Pour information, Oisans Solidaire sera présente sur le marché de Noël de Bourg-d'Oisans le samedi 16 décembre.