Mairie de Bourg d'Oisans
Le bulletin n°7 - décembre 2018
Publié le vendredi 7 décembre 2018 à 12h04

Oisans Solidaire
Bulletin d'information n°7
Décembre 2018

Il semblerait qu'à chaque saison suffit sa peine... L'agitation sociale de ce début d'hiver pourrait bien éclipser les autres grandes difficultés de l'Etat, comme celle de s'occuper des migrants, de ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui cherchent à sauver leur peau et aspirent à des conditions de vie dignes et sécurisées. Tout le monde aspire à cela...
Si l'on s'intéresse au cas des mineurs isolés en Isère, leur nombre a dramatiquement augmenté durant les 3 dernières années : il est passé de 150 par an à 2 300. En France, la prise en charge de ces jeunes étrangers relève du Département, au titre de la protection de l'enfance. Il doit assurer hébergement, scolarisation et suivi social. Sauf que l'action du Département est insuffisante et ne se montre pas à la hauteur des besoins. Le relais est donc assuré par les associations qui prennent en charge bénévolement les responsabilités de l'Etat.
C'est ce qu'essaie de faire Oisans Solidaire : aider, accompagner et sensibiliser.
Le 16 novembre dernier, notre association a organisé la projection du film « Fortuna » du réalisateur suisse Germinal Roaux. C'est l'histoire d'une adolescente éthiopienne arrivée jusqu'en Suisse après avoir traversé la Méditerranée. Elle a trouvé refuge dans l'hospice du Simplon où vivent les chanoines de la congrégation du Grand-Saint-Bernard. Elle est mineure et infiniment seule, malgré toute la sollicitude dont elle peut être entourée. Et elle refuse de quitter ces lieux pourtant marqués par les difficultés de la haute montagne (neige, froid, vent, isolement). Sa résistance et son obstination, mais aussi sa souffrance, constituent le fil directeur de ce très beau film tourné en noir et blanc.
L'échange qui s'en est suivi entre les spectateur présents dans la salle a bien permis de poser toutes les questions soulevées par un engagement dans une association telle que Oisans Solidaire : comment ajuster nos pratiques, nos valeurs et notre démarche aux besoins des personnes que l'on essaie d'accompagner ? Jusqu'où doit-on aller ? Comment devons-nous procéder pour soutenir et accompagner au mieux des gens le plus souvent complètement perdus et isolés par le barrage de la langue tout en les responsabilisant pour qu'ils retrouvent de la confiance et de l'autonomie ?
Car cet accompagnement est très concret et demande un lourd investissement : assurer un logement, de la nourriture, se mettre en lien avec les autres associations locales comme le Secours catholique pour les vêtements et le Secours populaire pour la nourriture, en expliquer et re-expliquer le fonctionnement, aider pour tous les documents administratifs, répondre aux convocations des instances officielles (préfecture, OFPRA, CNDA...) pour lesquelles il faut parfois organiser un transport, trouver un logement sur place quand il faut accompagner à Paris ou à Lyon, suivre les RV obtenus auprès des associations isèroises qui gèrent le placement en foyer, assurer des cours de français etc.
A Oisans Solidaire, c'est une poignée de personnes qui s'occupent de tout cela (moins de 10), en majorité des retraités, et quelques actifs salariés pour lesquels cette implication s'ajoute bien sûr à une vie quotidienne déjà rendue très lourde par le travail, la famille et les déplacements qui vont avec, compte tenu du relatif isolement de Bourg-d'Oisans. Cela demande une coordination précise, parfois difficile et une énergie folle. Et nous ressentons fortement le désir de renforcer cette action collective.
C'est pourquoi nous espérons que l'Assemblée Générale de l'association, prévue le 8 février 2019 et ouverte à tous les adhérents sera l'occasion de vivre un moment dynamique de partage et de discussion sur nos motivations, notre implication et nos attentes.
Ce sera à 20 h, à la Maison de la petite enfance de Bourg d’Oisans, avec à 19 h un échange entre adhérents sur nos motivations autour d’une bonne pizza.
L'association soutient toujours Lorenc, Eurolinda et leur petite Dara, arrivés à Bourg-d'Oisans au printemps dernier. Il y a eu des avancées certaines, mais des inquiétudes importantes demeurent. Ils ont été déboutés par l'OFPRA et devraient prochainement recevoir une convocation à la CNDA (Cour Nationale du Droit d'Asile, qui statue sur les recours formés contre des décisions prises par l'OFPRA en matière d'asile). L'apprentissage du français est un peu laborieux, ainsi que l'acquisition d'une forme d'autonomie.
Hawa Siénou (en recherche maintenant d'un logement à Bourgoin-Jallieu), et la famille Sabedini (installée à Grenoble), ont eux aussi été déboutées et connaissent bien des difficultés : précarité, isolement et situation administrative non réglée...
Oisans Solidaire a aussi hébergé quelque temps dernièrement Pierre Sivi et sa fille Belbiche, demandeurs d’asile en provenance de la République Démocratique du Congo. En raison de problèmes de santé sérieux de Pierre, un logement leur a rapidement été affecté a Grenoble, où Pierre a été hospitalisé. L'association continue a les accompagner et les aider financièrement dans l'attente que des relais se mettent en place.
Et l’appartement qu’ils occupaient Quai Berlioux étant maintenant libre, un autre couple devrait bientôt les remplacer.
Heureusement, il y a de bonnes nouvelles : la famille d'Amir, Albina et de leur petite fille Amina a obtenu la « reconnaissance d'une protection internationale », sensiblement le statut de réfugié, en attendant l’attribution de cartes de séjour. L'association a eu le plaisir de fêter cet événement le 10 novembre, en présence de nombreux amis du couple. Cela a montré leur capacité d'intégration, et donné le sentiment que tout ce travail avait servi à quelque chose !
Il est donc évident que Oisans Solidaire, à l'instar de toutes les associations isèroises qui se sont montées dans le département, autour de Grenoble, en Matheysine, dans le Trièves, sur Belledonne... et d’autres en France sur ce thème, a besoin de forces vives et d'élan !
C'est pourquoi nous espérons que la prochaine AG du 8 février sera l'occasion de montrer qu'en Oisans, contrairement aux apparences parfois, le sens de l'accueil et de l'entraide est une réalité.
Hélène Lieugard, membre du CA